Lorsque j’ai reçu l’appel provenant de l’Ambassade de Chine au Burundi m’annonçant la bonne nouvelle de la bourse qui m’avait été offerte par le Gouvernement Chinois à travers le ministère du commerce de la Chine dans “ le master en service social: leadership féminin et le développement social”, j’ai tout de suite su que ça allait changer complètement ma vie et ma façon de voir les choses puisque j’allais rencontre et tenir des dialogues avec des femmes influentes qui ont de l’expérience en matière de leadership. Je me rappelle la nuit lorsque notre avion a atterri à l’aéroport international de Pékin, j’ai remercié le Seigneur de m’accorder cette opportunité de voyager en Chine et y acquérir des compétences et connaissances liées spécifiquement au leadership féminin. J’ai été reçu d’une façon très professionnelle et unique à l’aéroport et on m’a toute de suite conduit à l’université et deux chinoises communément appelé “ buddies” m’y ont chaleureusement accueilli et elles ont été à mes cotes pendant toutes les deux années passées en Chine. J’ai tout de suite admiré la façon dont l’université se préoccupait de nous et faisait en sorte que tout aille très bien pour nous et surtout le fait que c’était totalement arrangé par une administration composée de femmes seulement. Je ne peux même pas décrire la beauté de la chambre ainsi que la cuisine qui m’avaient été réservées, c’était inattendu. L’université avait fait en sorte que nous ayons tout ce dont nous pouvons avoir besoin tant matériel que financier et c’est par là que mon aventure a débuté.

Une cérémonie a été organisée en vue de nous accueillir officiellement et tous les drapeaux représentant nos différents pays avaient été prévus. Un panneau composé de plusieurs femmes ainsi que peu d’hommes était devant nous pour nous accueillir et nous parler en bref de notre programme ainsi que de la Chine. Parmi les cours qui étaient sur notre programme, il y avait le service social : méthodes et pratiques, un cours sur l’intégration de la dimension de genre, un cours sur les techniques de recherches en service social, les bases sur la langue chinoise, un cours sur la protection internationale des droits de la femme, un cours sur la culture chinoise et les bases sur le system légal chinois, un cours sur le plaidoyer social, un cours sur le leadership féminin parmi tant d’autres. On a aussi été privilégié de pouvoir recevoir des visites de personnalités très influentes de la Chine et d’ailleurs ainsi que de visites régulières et très efficaces de femmes travaillant dans la fédération des femmes chinoises qui est un regroupement des femmes de divers milieux et ethnies de la Chine luttant pour la libéralisation des femmes et qui est sous la houlette du Parti communiste chinois. Grace à cette fédération, j’ai pu connaitre tout le trajet que les femmes chinoises ont dû prendre pour arriver là elles sont maintenant et ça a été grâce aux efforts ainsi qu’à la persévérance que ces femmes ont dû témoigné pour pouvoir maintenir des positions respectables au sein du gouvernement ainsi qu’au niveau national. Grace à cette fédération, on a pu participer à un rassemblement qui a été organisé au “great hall of people” en vue de la célébration de la journée internationale des femmes au niveau mondial. Nos apprentissages ne se sont pas juste limités sur les visites, mais on a aussi voyagé dans différentes provinces de la Chine, comme Guangzhou, Shenzhen, Zhejiang etc…on a pu voir le milieu rural Chinois et on a eu le privilège d’entendre différentes personnalités en ce qui concerne leur mode de vie et leurs carrières mais aussi la façon dont elles ont développé leurs différentes communautés. Parmi les villes visitées, deux m’ont complétement impressionnées et ces deux-là sont Shenzhen et Hangzhou (se trouvant dans la province de Zhejiang). Si vous voulez connaitre la chine moderne, allez à Shenzhen. C’est une ville très innovatrice et jeune avec une population de 20 millions d’habitants mais elle est aussi parmi les 4 premières villes développées de la Chine. Elle entretient des relations privilégiées avec le président Xi Jinping car son père était à la tête de cette province (Guangdong) et il a introduit la politique de réforme et d’ouverture et sous sa direction, la Chine a établi Shenzhen comme première zone économique spéciale de la Chine et c’est aussi grâce aux efforts fourni par les femmes de Shenzhen qui ont fait qu’elles soient premières sous leur conviction que les femmes détiennent la moitié du ciel. La fédération des femmes de Shenzhen et les syndicats des femmes ont également organisé une conférence internationale sur l’égalité des genres et elles ont assumé leurs responsabilités puisque le développement durable invite les femmes à participer davantage à leur développement tant social que politique et économique. Les femmes travaillant dans la fédération des femmes chinoises se sont fixés l’objectif de promouvoir l’égalité des genres et protéger les droits de la femme et c’est grâce à leur dévouement que le congrès du peuple à Shenzhen a adopté le premier règlement sur l’égalité des genres en Chine et aussi Shenzhen est la seule province à disposer d’un système de collecte statistiques sur le genre en Chine. Les membres de la fédération sont autour de 300.000 femmes et elles veulent s’assurer que les femmes puissent trouver des organisations où qu’elles soient.

Toutes ces expériences m’ont enseigné que le leadership féminin est en train d’évoluer puisque les femmes commencent à se rendre compte du potentiel qu’elles ont et surtout qu’elles sont capables d’équilibrer leur vie professionnelle et leur vie privée tout en restant motivées dans leurs différents rôles. Durant ces deux dernières années, j’ai aussi appris les différents attributs d’un vrai leader et les erreurs que parfois ces derniers peuvent commettre juste pour pouvoir maintenir leurs positions ou avancer plus loin. J’ai aussi compris à travers ce programme que le service social est un travail qui demande de la communication et le contrôle de soi afin d’agir pour le bien être du client et non par les circonstances présentes. Le service social est aussi confronté à des problèmes majeurs comme les différentes compétences nécessaires dans le leadership pour les secteurs cliniques et administratifs qui font que le travail soit de plus en plus dur à exécuter ; il a également un impact majeur sur les services rendus aux clients. Avoir des sentiments d’anxiété ou de vulnérabilité tout en exerçant des devoirs sociaux est un sentiment très courant dans le domaine du service social mais le programme nous a montré comment calmer ces sentiments afin de mieux accomplir les devoirs qui vous sont assignés. En bref ce programme nous a appris à améliorer notre capacité à appliquer les théories et méthodes du service social à travers le partage d’expériences tout en approfondissant notre compréhension de la responsabilité pour promouvoir l’égalité des genres dans nos différents domaines en renforçant notre capacité de mobilisation et d’organisation et également notre capacité à participer au processus décisionnel et à la gouvernance de nos différentes nations.

Parmi mes plus beaux souvenirs, il y a la rencontre de la première dame de Chine, Madame Peng Li yuan. Je n’aurais jamais imaginé la rencontrer un jour. C’est une femme que j’admire beaucoup et que je connaissais en tant que célèbre chanteuse chinoise et une ambassadrice auprès de l’organisation mondiale de la sante depuis 2011. Mais lorsque j’ai eu l’opportunité de la rencontrer, j’ai vu en elle une femme courageuse, souriante, très intelligente, très humble et surtout très dévouée a son pays et à ses devoirs en tant que première dame de Chine. Elle a exprimé son espoir en nous, bénéficiaires de cet unique programme, en nous disant qu’elle espère que nous jouerons un rôle de pont entre la Chine et nos pays d’origine et que nous contribuerons à la promotion du développement mondial des femmes et à la construction d’un avenir commun pour l’humanité. Elle a souligné que la chine attache une grande importance au développement des femmes dans tous les secteurs et qu’elle est prête à œuvrer avec la communauté internationale pour créer des conditions favorables pour leur bien-être mais qu’elle se tient prête aussi à offrir des opportunités d’éducation de haute qualité aux femmes et à les aider afin d’acquérir des connaissances et compétences nécessaires afin de parvenir à de grandes réalisations dans leur vie quotidienne.

A part ces expériences très importantes et uniques, je dois tout le respect et reconnaissance à mon université, China women’s university. Bien qu’elle soit petite en taille, c’est la meilleure université de Pékin. L’administration y est impeccable, leur dévouement pour le développement des femmes est indéniable et leur façon à faire en sorte que le maximum soit fait afin d’assurer la réussite de ce programme, va au-delà de nos attentes. Je ne me suis jamais sentie écartée ou négligée, toutes les célébrations mondiales étaient toujours respectées, on nous considérait beaucoup plus que des étudiantes, on était leurs alliées, leurs amies, leurs compagnons dans cette aventure. L’université nous a fait visite des lieux touristiques connus mondialement comme “la grande muraille”, “temple of Heaven” pour en citer quelques-unes mais on a aussi eu le privilège de connaitre l’opéra chinois et bien d’autres choses. Mais ce qui a rendu cette expérience encore plus spéciale c’est la classe 2017 dans laquelle j’étais, on était 26 femmes de 17 différents pays d’Afrique et d’Asie et on est devenu une famille, des sœurs très soudées jusqu’à ce jour. On a créé des liens très forts et on a partagé de moments très spéciaux qui resteront toujours gravés dans nos cœurs.

En conclusion, mon expérience en Chine durant les deux dernières années fut l’un des plus beaux cadeaux que le ciel m’ait offerts. J’ai appris plein de choses, j’ai aussi reçu une autre famille dans l’église que je fréquentais, j’ai muri et ça m’a aussi donné beaucoup de courage pour pouvoir accomplir de très grandes choses pour mon pays ainsi que le monde entier. Aller en chine pour poursuivre mes études de master fut l’une des meilleures décisions que j’ai prise dans toute ma vie.